Surprenante Albanie !

Surprenante Albanie !

Du 09 au 16 Mars

(J) 

Nous basculons dans un nouvel univers ! De manière flagrante, dès les premiers tours de roues, l’Albanie nous surprend. Ce pays majoritairement musulman sorti depuis peu d’une dictature s’ouvre lentement sur le reste de l’Europe. Que de monde dehors, que de saluts amicaux et curieux ! En campagne comme en ville, la vie se déroule dans la rue, au bord des routes. Les uns vendent des choux ou poireaux, les autres se reposent, certain discutent, d’autres circulent dans de vieilles Mercedes sur des routes hasardeuses pas toujours asphaltées. Nous croisons également les bergers ramenant le troupeau de vaches ou de brebis, les enfants revenant de l’école à pied, le regard souriant et curieux…

Nous restons deux jours à Shkodra, grande ville au bord d’un lac qui sépare l’Albanie du Monténégro. La ville déborde de vie, la circulation se fait dans un désordre organisé. À vélo nous ne sentons pas le stress habituels des grandes villes ; ici piétons, cyclistes et automobilistes jouent dans la même cours sans problème. Chez Susan et Chuck, retraités américains installés depuis peu, nous profitons d’un jour de repos qui nous fait grand bien. Le soleil pointe son nez, nous séchons notre linge sur le toit terrasse de l’immeuble. Autre activité ludique qui nous ravit : nous avons le loisir d’essayer les vélos couchés de Susan et Chuck ! Assis confortablement, le dos reposé, les pieds en avant et c’est parti ! Nous sommes au raz du sol, nous avons la sensation de faire du karting au milieu des voitures. Regards amusés des passants devant ces drôles d’engins…


Lorsque nous reprenons la route, nous filons à travers la campagne albanaise. Si la ville est animée, la campagne l’est tout autant ! On y voit beaucoup de maraîchage « à l’ancienne ». Les paysans manient la faux, vont sur des charrettes tractées par des ânes. Les seuls engins à moteurs sont de vieux tracteurs. A chaque pause, nous sommes vite entourés par les habitants, à commencer par les enfants. Ceux qui parlent quelques mots d’anglais font la traduction pour leurs copains. Tout le monde nous demande d’où nous venons… Nous mesurons la force du voyage à vélo : quel intérêt de venir en Albanie séjourner une semaine en ville se ravir des paysages et se désoler de la pauvreté, des déchets omniprésents sur les bords des routes et dans les champs, voir tant de maisons en construction qui ne seront jamais finies ? Le vélo nous emmène voir l’envers du décors : nous empruntons des chemins que les rares étrangers ne prennent pas, et cela nous fait découvrir la vie des albanais sans aucun filtre.


Alors que nous faisions trois courses en fin d’après midi, une jeune albanaise, Anna, nous propose de nous héberger. Selon elle, dans les petits villages où ne passent pas les étrangers, ce n’est pas sûr. Nous nous amusons des regards interrogatifs des voisins pendant nos allers et retours pour monter les vélos et sacoches au cinquième étage. Anna explique la situation à sa mère. Nous voyons dans ses yeux un mélange de méfiance, d’hospitalité et de curiosité… puis nous voilà attablés devant une assiette de saucisse, œuf et du riz pendant que nous faisons connaissance avec notre hôte surprise.

Le lendemain, après un épisode mémorable dans les chemins boueux que nous préférons taire, nous trouvons refuge chez Mario et sa famille. Il parle l’italien, les échanges sont plus faciles, notamment pour Sara qui le parle un peu. Il a travaillé en Italie, quelques temps en France comme soudeur. Ses deux jeunes enfants, de 4 et 6 ans sont timides devant nous… mais ne nous lâchent pas du regard. Sa femme s’affaire pour nous apporter à manger, nous laisse sa chambre sans négociation possible, elle dormira avec sa jeune fille et Mario dans le canapé du salon. La grand-mère vient également nous voir, parle avec ferveur même si nous ne saisissons pas tout, loin de là ! Mais la langue des signes fonctionne plutôt bien dans ce cas. L’hospitalité sincère et la dévotion de cette famille modeste à nous accueillir et nous nourrir est vraiment touchante. La maison est meublée à l’essentiel, sans superflu. Une seule pièce est chauffée par un poêle à bois. Des poules, quelques brebis, des dindons… un jardin produisent l’essentiel pour nourrir la famille. Nous repartons le lendemain sans Sara qui restera un jour de plus sur place.

Nous filons plein sud à travers une plaine maraîchère. Nous retrouvons la mer à Vlora. Les faubourgs, à l’image de la campagne albanaise, contrastent avec le front de mer flambant neuf de cafés branchés, bars et hôtels qui se veulent modernes et luxueux. Au hasard des rues, nous croisons un bus à l’air étrangement familier… Saviez-vous que la RATP recycle ses anciens véhicules en Albanie ?! L’autre bonne surprise de Vlora, ce sont ses boulangeries qui nous régalent de byreks délicieux pour la modique somme de 30 centimes… Estomac rassasié et ravi !

La route jusqu’ici plate nous donne du fil à retordre. Nous franchissons un col dans le parc national du llogara dont les derniers kilomètres s’avèrent très raides. Le versant sud nous dévoile la côte ensoleillée et l’eau turquoise… la descente en longs lacets est une magnifique récompense. Nous ne regrettons pas de ne pas avoir à le franchir dans l’autre sens ! La centaine de kilomètres qui nous sépare de Sarandë n’est que succession de montées et descentes ponctuées de panneaux indicatifs – quasiment les seuls du pays – nous indiquant des pentes de 10 %. A Sarandë, nous nous désolons de trouver une ville fantôme… Les bâtiments sont vides, lorsqu’ils ne sont pas abandonnés en cours de construction. Contre coup de la sortie de la dictature : tous les permis accordés ont été brutalement suspendus.

Nous passons notre dernière nuit en Albanie dans une auberge de jeunesse. Deux italiens qui voulaient tenter l’aventure ont repris le business ici. Ils ont ouverts il y a quelques mois… Nous sommes bien sûr les seuls clients ! Nous passons la soirée avec eux autour d’un mountain tea en partageant nos ressentis sur ce petit pays bien différent du reste de l’Europe. Le lendemain, le vent du sud, le Sirocco, souffle fort : un brouillard de sable venu du Sahara renforce la sensation d’être dans une ville en chantier abandonnée. Nous embarquons à bord d’un speedboat malgré la houle… Nous sommes bien contents de débarquer à Corfou avant d’avoir le mal de mer, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde à bord ! « Pas de cigarettes, d’alcool ou plus de 10 000 euros sur vous ? » Nous oublions de mentionner le raki croate que nous transportons depuis Crikvenica. Nous voici de retour dans l’Union Européenne, bienvenue en Grèce !

 

Cet article a 11 commentaires

  1. Super et bien raconté. Dommage qu’il n’y ait pas une photo de vous sur les vélos « couchés »! J’imagine que l’expérience a été sympathique et peut-être créatrice de nouvelles idées, ou en tous cas de nouveaux points de vue! Le dépaysement est tout aussi marqué pour nous, restés ici! Merci…. Vivement la suite et.. gardez la forme, le sourire et votre enthousiasme.
    Papy François

  2. Quel bonheur de lire ce nouveau commentaire et de regarder toutes ces photos ! MERCI !
    J’ admire la confiance ( il faut dire que vous avez de bonnes têtes très sympathiques ! ) et la générosité d’ Anna, de Mario et sa famille et de tant d’ autres ! Très affectueux bisous de Mamie Annie

  3. Que de jolies photos ! j ‘espère que vous mettrez votre aventure en livre ! Je suis votre périple avec empressement et enthousiasme : que du bonheur 🙂 . en fait l’air de rien, vous êtes en train de nous donner envie d’avoir un peu plus d’audace 😉 . alors encore MERCI et à très vite le plaisir de vous lire . Gros bisous de Corinne

  4. Encore un tres beau article par les belles rencontres que vous avez pu faire et la qualité de la rédaction… Merci. Impatient de lire la suite.

  5. Bravo ! la lecture de cette magnifique expérience si bien racontée est un vrai régal… nous vous suivons depuis le passage des Alpes où nous avions laissé un petit commentaire qu’une probable fausse manip de notre part n’a pas permis d’enregistrer. En tout cas nous aussi nous sommes bluffés, non seulement devant le vertigineux voyage entrepris, mais aussi par les qualités humaines révélées par ces récits… optimisme, force intérieure, sérénité, confiance dans la vie, courage, ténacité… Quel précieux bagage pour une telle entreprise…et pour la vie future !! Merci d’avance de nous faire profiter de la suite.
    Jacqueline et Pierre

  6. Ravie de découvrir un pays si peu connu. Vos photos sont très belles et m’ont fait voyager de mon divan où j’ai passé une bonne partie de mon dimanche en pyjama!
    Les défis de la sortent nous rapprochent du vrai et du beau. Bonne route!

    1. Oh my god! Je voulais dire, les défis de la sorte!

  7. Albanie surprenante en effet, mais où les gens rencontrés ont encore le sens de l’accueil. Ça me pose question, moi qui ne suis pas très loin de Calais et de ses migrants!!!
    Toujours aussi captivant avec toujours de belles photos
    Bonne route
    Daniel

  8. Bonjour, toujours aussi passionnant votre reportage!

  9. Je me connecte enfin sur cycloptimistes pour vérifier que vous êtes bien partis… et je découvre que vous êtes déjà en Grèce, et déjà avec un lot d’expériences plus qu’impressionnantes !
    Bravo pour ce blog si agréable à lire et regarder et bien sûr bravo pour ce voyage extraordinaire. Bonne route !

    1. Coucou Anne-Sophie ! Oui oui nous sommes bien partis pas de doutes possibles. Nous sommes en Turquie depuis deux semaines maintenant. Tu peux suivre notre progression en allant sur la page « itinéraire ». Il y a à la fois l’itinéraire prévu et le réalisé où nous localisons chaque lieu où nous avons dormi ! J’espère que tout va bien pour toi et famille. Bisous

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